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    Révision des lois de Bioéthique

    Interview de Mme Dominique Cadi (Membre du CA de la Confédération AFC) par RCF Nièvre le 18 janvier 2018

    Révision des lois de bioéthique : comment ça marche ?

    La bioéthique vise à définir les limites de l’intervention de la médecine sur le corps humain, afin de veiller au respect de la dignité de la personne humaine et d’éviter toute forme d’exploitation dérivée de la science.

    En France, les principales lois de bioéthique datent de 1994, 2004 et 2011. Trois années importantes pour la réglementation de la procréation médicalement assistée, ou PMA, du diagnostic prénataldu don d’ovocytes, du transfert d’embryon… En vue d’adapter la législation à l’évolution de la science, du droit et de la société.

    Pour obtenir un consensus le plus complet possible, un large échantillon d’intervenants est consulté à chaque projet de loi : des organismes scientifiques, des sociologues, des juristes, des médecins et des citoyens.

    Ce rôle de réflexion éthique incombe en France, au Comité consultatif national d’éthique (CCNE), créé en 1983 par François Mitterrand. À l’échelle internationale, il existe aussi un Comité rattaché à l’UNESCO.

    Parmi les sujets suivis par ces organismes, des demandes fortes sont apparues concernant la procréation médicalement assistée (PMA)le diagnostic préimplantatoire ou prénatal (DPI ou DPN) ou encore la recherche sur l’embryon,  les demandes de gestation pour autrui, … ceci, de la part de couples hétérosexuels, mais aussi de couples de femmes, d’hommes et d’hommes ou de femmes seuls.

    La loi de 2011 indique que « tout projet de réforme sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevés par les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé doit être précédé d’un débat public sous forme d’états généraux (…) organisés à l’initiative du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), après consultation de différentes commissions (des commissions parlementaires et de l’OPECST (l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques). En l’absence de projet de réforme, le comité est tenu d’organiser des états généraux de la bioéthique au moins une fois tous les cinq ans. »

    La loi de 2011 doit donc être réexaminée. Le rendez-vous est fixé au 18 janvier 2018. Elle soulève d’importantes questions éthiques, sociales et juridiques que je vous propose d’explorer un peu.

    Donc, des débats publics, peut-être une consultation publique via internet puis remise d’un rapport au gouvernement, projet de loi “à l’automne“ probablement, et nouveau texte législatif début 2019

     

     Les sujets qui seront vraisemblablement abordés dans les consultations et débats en préparation de la révision de la loi de bioéthique :

    Ils n’ont pas tous été arrêtés et annoncés. Probablement :

    - La PMA et éventuellement, la GPA

    - Le diagnostic prénatal et préimplantatoire ou DPN et DPI associée à la recherche sur l’embryon

    - Les évolutions technologiques pouvant conduire à des modifications du génome autour de l’outil CRSPER CAS 9 ou de la FIV à trois parents et l’intelligence artificielle.

    - L’euthanasie bien que le gouvernement reste très prudent à ce propos, mais le lobby pro-euthanasie souhaite que cette question soit intégrée à la prochaine révision de la loi de bioéthique.

    - Le don d’organes


    Aujourd’hui, je vous propose de nous arrêter un peu sur les questions principales posées par la PMA, et qui doivent susciter notre réflexion.

     L’assistance médicale à la procréation (AMP) recouvre un ensemble de techniques, conçues par le corps médical, puis organisées par le législateur, pour répondre à des infertilités qui relèvent des dysfonctionnements de l’organisme. Le droit français de la bioéthique a donc opéré un certain nombre de choix. Toutes les techniques d’AMP ont été réservées à des couples, « un homme et une femme vivants, en âge de procréer, mariés ou en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans … » selon l’article L.152-2 du code de la santé publique qui précisait sans ambiguïté qu’il s’agissait de « remédier à l'infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué. Elle peut aussi avoir pour objet d'éviter la transmission à l'enfant d'une maladie d'une particulière gravité ».

    Les demandes sociétales d’accès à l’AMP reposent sur la possibilité d’utilisation de ces techniques à d’autres fins que celle du traitement de l’infertilité liée à une pathologie.

    Outre ce choix de réserver l’AMP à des situations d’infertilité pathologique, le législateur a posé deux principes fondamentaux concernant les dons de gamètes : la gratuité et l’anonymat du don

     

    En matière de PMA, plusieurs demandes réclament des réponses : deux sont particulièrement en phase avec l’actualité :

    - l’accès aux techniques de PMA pour toutes les femmes (célibataires et en couples de même sexe)

    - le recours à la préservation de la fertilité.

    Si l’avis positif du Comité consultatif national d’éthique en faveur de l’insémination artificielle (PMA) pour les couples de femmes et les femmes seules constitue un signal encourageant l’évolution de la loi, son avis défavorable sur la conservation des ovocytes est quant à lui sujet à réflexion.

     

    Qu’est-ce que la préservation de la fertilité ? L’enjeu est ici d’autoriser les femmes à conserver leurs ovocytes lorsqu’elles sont encore suffisamment jeunes pour qu’ils soient de bonne qualité, en vue de les utiliser plus tard quand elles décideront d’être enceintes. Cet acte médical, nécessitant une stimulation ovarienne puis une ponction et une vitrification des ovocytes à -196 °C dans l’azote liquide ou une cryoconservation, permet de retarder son horloge biologique en mettant de côté ses propres gamètes.

    Le recours à la vitrification des ovocytes est très limité en France. Actuellement, il ne peut intervenir que dans des situations bien précises : en cas de maladie ou de traitement potentiellement dangereux pour la réserve ovarienne, ou en cas de don d’ovocytes à une autre femme. À une époque où les femmes mènent des études longues, entrent tard dans la vie active et souhaitent faire carrière avant de fonder une famille, nombreuses sont celles qui désireraient avoir accès à ce procédé permettant de se protéger contre l’infertilité et de projeter sereinement une grossesse à 40 ans.

     

    Quelles difficultés, quels choix à faire apparaissent ? ( le CCNE parle de points de butée)

    • Disjonction entre sexualité et procréation, entre procréation et gestation (entre union et procréation)
    • Disjonction entre la personne et les éléments de son corps, dans le temps et dans l’espace dans le choix d’une préservation de la fertilité pour une grossesse plus tardive
    • Modification de la relation aux autres puisque ces demandes relèvent de décisions individuelles des femmes en fonction de leur plan de vie, de leurs projets, de leurs valeurs.

    Cela permet de renforcer la demande d’autonomie qui s’exprime, pour un couple ou pour un individu, par le souhait de « faire un enfant » quand il l’estime optimal.

    C’est aussi une revendication d’égalité dans l’accès au don de gamètes, justifiée par la représentation que chacun a de soi comme sujet libre et disposant de son propre corps.

    Mais, exercer cette libre disposition de soi requiert d’impliquer les autres : corps médical, tiers donneur, enfants, société.

    • Relations à la société : une question se pose : les femmes en couples ou les femmes seules devraient-elles supporter seules les frais inhérents à leurs demandes d’aide à la procréation s’ils ne relèvent pas d’indications médicales, ou une certaine forme de solidarité pourrait-elle être envisagée ?
    • Disjonction médicale : la demande ne s’inscrit plus dans un contexte d’infertilité.

     

    Ne pas oublier ni négliger de penser à la souffrance des couples infertiles en désir d’enfants

    • Mais il faut veiller à ce que le fait d’éviter une souffrance n’en cause pas d’autres, en particulier si cela devait se révéler contraire aux intérêts de l’enfant qui naîtra de cette procréation médicalement assistée. Nous réfléchissons tout particulièrement à l’environnement dans lequel vivra l’enfant : grandir sans père est une situation créée par l’aide médicale à la procréation dans les couples de femmes et pour les femmes seules

     

    • Relations avec les donneurs de gamètes, ou, éventuellement, les gestatrices
    • La rareté des gamètes constitue un problème en soi. Plusieurs aspects expliquent que l’offre altruiste reste limitée : les demandes ont tendance à croître mais :

     àUn don de gamètes ne répond pas à un besoin vital au sens strict ce qui peut laisser les donneurs potentiels indifférents ;

    à Les gamètes restent plus compliqués à prélever que le sang ; pour certains, les gamètes, porteurs du patrimoine génétique, ne sont pas l’équivalent d’autres éléments du corps humain.

    à Du fait de l’insuffisance de l’offre, le risque existe – en cas d’élargissement des indications de l’AMP - de prolonger, pour tous, les délais d’attente, et donc d’augmenter l’âge auquel les femmes pourraient accéder à l’IAD et de diminuer les chances de succès de cette procédure.

    Faudrait-il envisager qu’une priorité soit donnée aux couples composés d’un homme et d’une femme dont l’infécondité serait de nature pathologique. ? D’un point de vue juridique, cette solution serait douteuse en cas de légalisation des situations entre infécondités pathologiques et sociétales. D’un point de vue politique, cette priorisation serait aussi difficilement justifiable.

    à Une fois le principe de la gratuité rompu sur les gamètes, on voit mal ce qui empêcherait de faire la même chose pour les autres produits et éléments du corps humain, y compris les organes.

     

    Signes d’attention et problèmes éthiques :

    • Dissociation entre l’acte conjugal et la procréation
    • Création d’un stock énorme (plus de 200 000) d’embryons congelés dont plus d’un tiers sans projet parental dont on ne reconnaît plus la dignité humaine et qui peuvent être potentiellement livrés à la recherche. Ce sont les embryons surnuméraires
    • Réduction embryonnaire qui consiste à extraire un ou plusieursembryons de l'utérus, mettant fin à leur développement dans le cas d’implantation de plusieurs embryons. (syndrome du survivant)
    • La PMA sortira du champ exclusivement médical pour entrer dans le champ sociétal (transformation de la nature même de cet acte) Ce n'est plus un soin ! C'est une technique de convenance qui a un cout très important pour la SS. (20 000e par femme, chiffre noté dans l’avis du CCNE n° 126)
    • Possibles frustrations pour les enfants privés de leurs origines : la PMA crée volontairement des orphelins de père.
    • Souffrance accrue pour les couples pour lesquels l’AMP n’a pas eu de succès
    • Droit ouvert seulement à une partie des citoyens avec comme conséquence juridique inévitable : une inégalité de traitement en fonction du sexe à La PMA ouvre la porte à la GPA et donc à la commercialisation du corps de la femme --> esclavage ? et marchandisation du vivant pour les couples d'hommes et les célibataires avec toutes ses conséquences dramatiques.
    • Droit de l'enfant et, ou droit à l'enfant ?
    • Question du droit de l'enfant à connaître ses origines : don anonyme
    • Notion de parenté symbolique et discontinuité généalogique qui induit, de fait, aussi un déficit de transmission. L'enfant n'entre plus dans une “histoire“.
    • Le marché financier induit qui fait, de fait la promotion de la PMA et en dissimule les risques. Il n'y pas de services après-vente (comme pour la GPA)
    • Le manque de gamètes masculins qui va générer une difficulté de choix entre les couples hétérosexuels ou homo et peut conduire à en acheter à l'étranger (nous sommes en France encore, dans une logique du don gratuit et anonyme des organes)
    • Risque d’une “infertilité organisée“
    • La PMA peut tenter des couples déjà fertiles afin de “bénéficier“ d'un tri embryonnaire dans le cadre d'un DPI. Cela peut conduire un jour ou l’autre à l'eugénisme et au désir d'un enfant parfait. (voir le bébé OGM youtube)
    • La PMA alimente la croyance en une fertilité sans limite avec la congélation des ovocytes.

     

    Nos propositions :

    • Il nous faut proposer des alternatives et informer sur les possibilités de traitements pour les

    couples hypofertiles ou infertiles afin d'éviter la mainmise de certains gynécologues : naprotechnologies ou adoption.

    • Donner du temps aux couples qui apprennent leur infertilité avant de commencer le parcours difficile de l’AMP
    • D’une façon plus générale, proposer aux jeunes une éducation à l’accueil de l’enfant et au respect de l’horloge biologique des femmes
    • Réserver les techniques d’AMP aux seuls couples mariés, infertiles, en capacité de procréer
    • Protéger l’embryon humain, limiter la fécondation aux embryons qui seront ré-implantés, résister à l’eugénisme et au transhumanisme, prévenir l’IVG, protéger l’enfant de la PMA sans père, dénoncer l’esclavagisme des femmes dans la GPA, soutenir les plus fragiles, les personnes âgées et personnes handicapées, lutter contre l’euthanasie et le suicide assisté, préserver le mariage et soutenir la famille.

     

    Et moi, dans tout ça ?

    Est-ce que je m’en préoccupe et me forme ? J’oscille entre espoirs et inquiétudes, étonnement devant les progrès prodigieux et les transgressions exponentielles, et pourtant, nous vivons dans ce temps présent et nous devons le vivre, y participer !

    Site états généraux de la bioéthique à consulter, participer aux rencontres proposées, répondre aux questionnaires en ligne.

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  • AUTOCONSERVATION PAR CONGÉLATION DES OVOCYTES, « LA DÉSILLUSION SERA SOUVENT AU RENDEZ-VOUS » 

     JACQUES TESTART Interview 29 janvier 2019  PMA-GPA   

    http://www.genethique.org/fr/autoconservation-des-ovocytes-la-desillusion-sera-souvent-au-rendez-vous-71150.html

    Interrogée sur LCP le 16 janvier dernier, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a affirmé au sujet de la baisse de la natalité que l’autoconservation des ovocytes pourrait être un « remède » : « La question de l'autoconservation des ovocytes pour les femmes est très impactante : elle peut faciliter l'accès à la maternité, à la fertilité pour les femmes après l'âge de 37/38 ans » et permettrait « aux femmes de faire plus d'enfants ». Gènéthique a interrogé Jacques Testart, biologiste, qui revient sur cette question.

     

    Gènéthique : Agnès Buzyn, ministre de la santé, estime que l’autoconservation des ovocytes pourrait relancer la natalité. Pensez-vous que ce soit une pratique à généraliser ? Pourquoi ?  

    Jacques Testart : Il est vraisemblable que la plupart de ces ovocytes ne deviendront jamais des enfants. Parce que nombre de ces femmes se passeront de l'AMP pour procréer ou choisiront finalement de ne pas procréer. Parce que l'efficacité de cette technologie est toute relative et que celles qui ne disposeront pas d'un nombre élevé d'ovocytes congelés auront bien peu de chances de procréer ainsi. C'est dire que la désillusion sera souvent au rendez-vous. Cela arrive aussi dans le parcours de FIV immédiate mais, avec la conservation des ovocytes, il s'agit d'un pari avec effet largement différé pouvant amener à une douloureuse remise en cause des illusions, trop tardive pour permettre la possibilité de "remettre ça". Par ailleurs, les verdicts prétendument savants sur l'importance de la population ovarienne pour justifier ou déconseiller la mise en réserve d'ovocytes sont très imprécis et peu prédictifs. La tendance sécuritaire risque alors d'ouvrir cette pratique à toutes les femmes.

     

    G : Quel rôle pour la médecine dans l’utilisation croissante de ces pratiques ? 

    JT : C'est un nouveau champ (un nouveau marché) qui s'ouvre, en s'installant comme d'habitude sur les angoisses individuelles. Il n’est plus indispensable de se rendre à l’étranger pour bénéficier d’une congélation d’ovocytes de convenance, pourtant interdite en France. Un gynécologue parisien explique doctement comment, en complicité avec un radiologue, il décèle systématiquement une endométriose chez les jeunes femmes qui accourent à sa consultation à 200 euros[1]. Ainsi, le dossier obligatoirement fourni à l’Agence de la biomédecine (ABM) est en règle. Madame Buzyn serait mieux inspirée en demandant à l’ABM de vérifier ces pratiques. La mise en réserve de ses gamètes institue une nouvelle façon d'être "normal" qui se substitue à l'ancienne et se fait donc passer pour progressiste. Cela coûtera à tout le monde sans être certain que cela profitera à beaucoup de "patientes" (le terme prend toute sa saveur quand l'attente de satisfaction s'étend sur de nombreuses années). Par ailleurs, cette pratique contribue à la mode d'indifférenciation des genres puisque le masculin demeure fertile tardivement.

     

    G : Certains estiment qu’ayant aidé les femmes à ne pas être fécondes quand elles étaient fertiles, il faudrait les aider à être fécondes quand elles ne sont plus fertiles. Avec quels risques ? 

    JT : La contraception ou l'IVG sont des mesures non probabilistes (leur effet est immédiat et incontestable) et révisables (on peut changer de pratique). Au contraire, la conservation des ovocytes est un pari sur l'avenir qui, pour les plus lucides, devrait être anxiogène. Si la contraception permet aux femmes de vivre le temps présent, la conservation de leurs gamètes les amène à l'hypothéquer. L'idée d'assimiler l'aide à la procréation à l'aide de la non procréation compare des difficultés ou des détresses actuelles, concrètes, avec le besoin d'une assurance sur l'avenir, sans nécessité impérieuse (sauf pour les cas avérés de ménopause précoce ou de risques de stérilisation à l'issue de certains traitements médicaux). Cette assimilation signale la volonté illusoire de maîtriser toutes les situations plutôt que d'apporter une aide dans des situations réelles. L'excès de précaution devient l'occasion de développements médicaux et industriels ininterrompus comme quand il mène de nombreuses femmes états-uniennes à demander l'ablation de leurs seins par crainte de cancer. Et ceci, ironie de la technomédecine, arrive au moment où le principe de précaution est mis à mal dans le champ de l'innovation. L'excès de précaution individuelle ne peut pas conduire à la sérénité qui est une condition de la vie en bonne santé. Au bout du chemin des artifices pour tout refuser de la condition humaine se trouve le transhumanisme.

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  • LA CHASTETÉ DES FIANCÉS : MYTHE OU MERVEILLE ?

    Témoignage d'une fiancée catho, peu incline à cette chasteté a priori, car elle avait perdu ses repères après le bac,  et était tombée dans la prostitution pour arrondir ses fins de mois. Elle a aussi été plusieurs fois victime de viols.

    Mon Père, 

                Avant de partir, je vous ai dit ma joie de notre chasteté de fiancés, et c'est le sujet de ce mail.

                Même quand nous avons commencé à parler sérieusement de notre avenir de couple, je n'étais pas prête à voir l'importance de l'abstinence, je la considérais désuète et j'étais résignée puisque nous l'avions déjà fait, pourquoi arrêter, c'était "trop tard". Ma petite conscience morale me chuchotait quand même que ce n'était pas comme ça qu'il fallait faire les choses, mais je préférais ne pas trop l'écouter, tant pis pour moi, je ne vivrais jamais ça, l'attente pour un seul homme, pour mon homme. C'est réellement quand la demande de mariage a été faite que j'ai eu l'électrochoc ! Je voulais être pure pour lui, belle, et blanche, comme ma robe du mariage ! Je ne voulais pas d'un mensonge, d'une fête du paraître, faire semblant ; je voulais le vivre ce rêve de princesse et de don absolu, je voulais être dans ma robe blanche non seulement parce que c'est joli, mais pour ce qu'elle représente ! et j'ai alors réalisé : Qu'est-ce que je pourrais lui offrir si je lui donne déjà tout ? Quel cadeau puis-je lui faire que lui seul aura ? Qu'est-ce qui le rendra unique à mes yeux et comment serai-je unique aux siens ? Qu'est-ce qui rend notre amour si différent de ce qu'on a vécu ? Et je ne voulais pas vivre dans le regret de ne pas avoir fait les choses correctement, je savais que notre union d'époux serait ternie sans cette attente, et que notre vie de couple en pâtirait. Et ça, c'est essentiel : vivre cette sensation de réparation du passé, je n'en ai aucune honte, et aucune honte à revendiquer notre chasteté. Ce n'est pas vieillot ! Ce n'est pas cucu ! C'est courageux et les gens en sont surpris, s’interrogent, nous interrogent, et dans ce monde où le corps est abîmé, exhibé, objet, il est temps de faire de notre corps un témoin de l'Amour (et pour rassurer les plus craintifs, non les gens ne se moquent pas, non ce n'est pas une honte si NOUS n'en avons pas honte, s'ils nous voient le visage joyeux de dire combien c'est beau de se préserver pour l'autre, que c'est un cadeau rare et un challenge !)

                La sexualité avant le mariage est, il faut le reconnaître, assez tabou : soit on n'ose pas aborder la question, soit on ne croit pas en l'abstinence, ou bien on entretient une illusion. Quoi qu'il en soit, il est plus que rare que certains vivent l'abstinence complète avant le mariage (cathos compris) et il est aussi assez délicat de parler des 'rechutes' durant les fiançailles. Très honnêtement, je ne savais pas comment je vivrai les choses, j'avais le sentiment que ça pouvait être "bien" d'être chastes, mais je n'en percevais pas l'enjeu, et personne ne m'en avait parlé. Non, personne. De tous les couples mariés que je connais, jeunes ou moins jeunes d'ailleurs, de tous les enseignements religieux, aucun n'a su me dire de façon enthousiaste que c'était beau de se préserver. (Vous allez sauter au plafond en me disant que je n'ai pas bien écouté alors...) alors certes on nous répète que c'est important, que c'est la volonté de Dieu, que ça fausse le discernement.... Oui, d'accord, mais on l'entend depuis toujours, et très honnêtement, ça n'a plus trop d'impact. On le vit comme un fait, comme une obligation, comme un devoir pénible. Mais, par contre je n'ai jamais entendu dire que c'était source de joie, d'épanouissement, et pardon, mais que c'était même sensuel (dans un beau sens) d'être chastes, et que l'amour en était vainqueur. Je n'ai pas trouvé de couples qui étaient ensemble éblouis de cette chance de retrouver une pudeur innocente et fragile.

                Et pourtant…je puis dire ô combien c'est un don merveilleux ! Et quelle joie, quel bonheur ! Pour avoir eu mon corps blessé, pour avoir connu mon intimité parfois bafouée, et pour avoir connu une intimité avec xxx, je peux affirmer combien il est doux d'être chaste. Combien cette attente nous rend heureux, combien nous nous sentons lavés. Je n'ai jamais ressenti de toute ma vie autant de respect de la part d'un homme. Il ne me dit rien à ce propos, mais ce choix, ce respect de chasteté, ensemble, est la plus grande marque de respect que j'ai ressenti en tant que femme. Vous savez, je suis tellement amoureuse... mais pas seulement. Il me rend fière. Fière de moi, car il me permet de vivre une chasteté vraie et de combattre mes faiblesses, je ne me suis jamais autant sentie en contrôle de mes pulsions, je me redécouvre ! Et fière de lui, de sa constance, de son soutien et de sa volonté qui ne faiblit pas. Il est mon pilier.

                Alors, mon Père, je vous en prie, dites aux fiancés que c'est une aventure géniale, que c'est drôle, que c'est doux et que c'est un puits infini de tendresse que d'être chaste. Parce qu'attendre quelques petits mois, ce n'est rien comparé à une vie ensemble, que cette attente nous rend fervents, fiévreux aussi, et complices. Et que lorsqu'on est avec la bonne personne... la chasteté n'est plus un poids, elle n'est plus un enjeu impossible, elle n'est plus un devoir pénible, elle nous élève, nous unit, nous donne l'intimité du cœur avec l'autre...  

                Je suis épanouie, une fiancée chaste et comblée. 

                Je suis heureuse !

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  • Question : Bonjour, je m’appelle Jean ; ma sexualité me laisse insatisfait !

     

    La sexualité est un bien précieux, s’il y a blessure, il est nécessaire de la comprendre car la sexualité apporte la joie si elle est l’expression corporelle d’un amour partagé. L’expérience que vit le corps dans l’intimité sexuelle est bien plus que la simple expression d’une fonction biologique. Le vécu corporel, l’affectivité, toute la vie de la personne est impliquée et y participe. C’est un système très complexe, vulnérable, pluridéterminé par des facteurs biologiques, psychologiques, relationnels, sociaux.

     

    J’entends bien votre insatisfaction ou votre “mal aise“ sexuel ; peut-être pourrions-nous voir ensemble ce qu’il faudrait, ce qui pourrait manquer pour une belle sexualité, une sexualité épanouie ? Le symptôme sexuel raconte toujours une histoire, parfois très ancienne, il est porteur d’un message qui demande à être déchiffré.

     

    Vous ne nous dites pas dans quel contexte vous vivez : vivez-vous un certain vagabondage sexuel ou êtes-vous en couple ?

     

    - Votre conjoint ?

    Il peut y avoir, dans l’expérience concrète du couple, des difficultés à construire cette unité corporelle si précieuse. Prenez-vous le temps de vous préparer tendrement, à deux ?

    Prenez-vous le temps d’en parler, de dialoguer en confiance ?

    Votre partenaire est-elle satisfaite ? Vous le dit-elle ?

     

    - Votre situation de couple vous convient-elle ? Est-elle rassurante, ou inquiétante ? Est-elle stable et source de sérénité ? Etes-vous en confiance ?

     

    Visitons quelques points afin d’essayer de faire émerger le problème :

    - L’expérience sexuelle bonne comble le plaisir ; comment vous sentez-vous après l’acte sexuel ?

    - Le plaisir sexuel solitaire ou les expériences sexuelles occasionnelles entrainent la répétition, la quête dans la recherche d’un vrai désir partagé dans la joie car elles laissent insatisfaits dans un contexte au-delà de l’amour.

    - Un souci fonctionnel, un dysfonctionnement (impuissance, dysfonctionnement érectile) ? À rechercher et soigner pour l’exclure ; pour cela, un médecin peut vous aider. C’est une souffrance terrible pour l’homme qui peut l’atteindre dans sa confiance en soi, son estime, sa propre identité. Il peut exister d’autres troubles (trouble de l’orgasme, éjaculation précoce frustrante ou retardée) cela se soigne aussi !

    - Êtes-vous en bonne santé physique ? Parfois la fatigue, le stress peuvent intervenir de façon très négative sur la joie de l’union sexuelle.

    - Éprouvez-vous le désir ?

    Prenez-vous le temps d’éveiller votre désir et celui de votre partenaire ? Même le Pape François nous le rappelle dans Amoris Laetitia (224) : « L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation. »

    -  Anamnèse sexuelle : votre histoire passée ou dans l’enfance, des “non-dits“ ont peut-être imprimé en vous des réserves, des images laides ou choquantes (pornographie ou soirée échangiste par exemple ?) Là encore, il existe un parcours humain et spirituel qui va vous aider, jour après jour à vous remettre à neuf pour repartir, en partenariat avec un “parrain“ qui va vous aider et vous soutenir.

     

    Peut-il y régner une souffrance relationnelle ?

     

    N’hésitez pas à demander de l’aide !

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  • Quels sont les enjeux des prochaines lois de bioéthique ? Une rupture décisive ?

     

    Il semble qu’une partie de nos concitoyens, y compris des catholiques, ne prennent pas la mesure des changements de société qui vont avoir de lourdes conséquences sur la vie et notre vie (Mgr Aupetit).  

    La loi de 2011 indique que « tout projet de réforme sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevés par les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé doit être précédé d’un débat public sous forme d’états généraux (…) organisés à l’initiative du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), après consultation de différentes commissions (des commissions parlementaires et de l’OPECST (l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques). En l’absence de projet de réforme, le comité est tenu d’organiser des états généraux de la bioéthique au moins une fois tous les cinq ans. »Effectivement, après la consultation des français sous la forme d’ “états généraux“, nous constatons que les avancées techniques servent d’alibi à une révision sans cesse plus progressiste de ces lois.

    Évoquons ensemble quelques-uns des sujets concernés et leurs risques !

     

    L’embryon humain : un cobaye ?

    L’embryon humain n’est pas un simple « matériel biologique » que l’on pourrait utiliser pour alimenter la recherche et les progrès de la médecine. Il n’a pas besoin de « projet parental » pour exister à part entière et être respecté comme une personne. L’embryon humain a, dès sa conception, une dignité propre. Depuis 30 ans, des « exceptions » au respect de l’embryon humain sont acceptées en vue d’autoriser des travaux de recherche. En effet, de nombreux embryons sont conçus dans le cadre de la fécondation in vitro, mais ne sont pas implantés dans l’utérus de leur mère en vue d’une naissance. Ils sont donc congelés et stockés.

    La loi encadrant toute recherche autorisée sur ces embryons a beaucoup évolué depuis 30 ans, allant d’une interdiction de toute recherche portant atteinte à l’intégrité de l’embryon humain, à un régime d’autorisation sous conditions. La demande des scientifiques est désormais de poursuivre les recherches sur les embryons humains et les cellules souches embryonnaires humaines sans véritables limites. C’est une transgression éthique qui instrumentalise un être vulnérable.

    Cependant, il existe des méthodes alternatives qui utilisent des cellules souches adultes ou des cellules issues du cordon ombilical. Ces cellules peuvent être soit reprogrammées en cellules pluripotentes, soit utilisées pour soigner différentes maladies (leucémies, brûlures ou lésions diverses).

    Ces méthodes sont à encourager afin de favoriser une thérapie cellulaire dans le respect de l’être humain.

     

    Diagnostic prénatal :

    Quel est le but de ce diagnostic ? Il est, de plus en plus, d’éliminer les enfants imparfaits, c’est-à-dire de détecter in utero chez l’embryon ou le fœtus, une affection d’une particulière gravité. La loi demande à ce que toute femme enceinte puisse recevoir une information claire pour pouvoir accéder, à sa demande, aux différents examens biologiques ou d’imagerie médicale, lui permettant d’évaluer les risques d’affection pour l’embryon qu’elle porte. Ces examens ne sont pas imposés, pour l’instant.

    Un nouveau test de diagnostic prénatal obligatoire et supplémentaire va renforcer la pression pour le dépistage de la trisomie 21. Une traque qui ne manquera pas de s’étendre à d’autres maladies génétiques.

    Si on commence à scruter les maladies, où seront posées les limites ? Chaque enfant devra-t-il passer des examens génétiques pour être autorisé à naître ? Quel regard posé sur les personnes les plus vulnérables de notre société, sur les personnes porteuses d’un handicap ?

    Peut-on encore parler d’un diagnostic lorsque la procédure ne vise plus à soigner le malade mais à le supprimer ? Ce diagnostic devrait avoir pour seule finalité la prise en charge médicale des anomalies repérées et être au service de la personne humaine.

    N’est-ce pas un pas de plus vers un eugénisme libéral ?

     

    Manipulations génétiques 

    Les manipulations génétiques ou “thérapie génétique“ des cellules reproductrices ou gamètes visent à donner naissance à des enfants génétiquement modifiés.

    Une nouvelle technique, nommée CRISPR /Cas 9 (ou ciseaux génétiques) permet de modifier le génome d’une cellule en insérant, ou en retirant un petit segment d’ADN bien délimité, de façon ciblée, pour modifier un gène. Cette technique a pour objectif de corriger certaines maladies génétiques. Si cette technique est utilisée sur des cellules germinales (c’est-à-dire sur l’embryon humain au premier stade de son développement), les modifications irréversibles seront transmises aux générations suivantes. Personne ne peut anticiper les conséquences à long terme de cette technique ! De plus, comment ne pas être tenté d’essayer de créer de cette façon, des enfants parfaits, sur mesure. Les conséquences de ces manipulations sont totalement imprévisibles sur toute la descendance. Rappelons que chaque être humain est unique et possède un patrimoine génétique unique.

    Quelle protection pour les générations futures ?

     

    Assistance médicale à la procréation : ouverture aux femmes seules et aux couples de femmes :

    Au départ, l’AMP ou PMA recouvre un ensemble de techniques (IA, insémination artificielle où l’on dépose des spermatozoïdes dans le fond de la cavité utérine, IAD, avec donneur, la FIV ou fécondation in vitro avec transfert d’embryons, ICSI, ou injection de sperme dans le cytoplasme de l’ovule), conçues par le corps médical, puis organisées par le législateur, pour répondre à des infertilités qui relèvent des dysfonctionnements de l’organisme humain.

    Les demandes sociétales d’accès à l’AMP reposent sur la possibilité d’utilisation de ces techniques à d’autres fins que celle du traitement de l’infertilité liée à une pathologie. On passerait d’une médecine de soins à celle de la réalisation des désirs. Est-ce bien le rôle de la médecine ?

          Cette proposition accentue les disjonctions : “disjonction entre sexualité et procréation, entre procréation et gestation, disjonction entre la personne et les éléments de son corps, dans le temps et dans l’espace, disjonction entre transmission génétique et filiation“ (voir le décret n°126 du CCNE)

    La filiation, le lien charnel, ne serait plus l’élément fondateur ; seul l’engagement, la parentalité d’intention, seraient importants.

     

    Mais il faut veiller à ce que le fait d’éviter une souffrance n’en cause pas d’autres, en particulier si cela devait se révéler contraire aux intérêts de l’enfant qui naîtra de cette procréation médicalement assistée. Nous réfléchissons tout particulièrement à l’environnement dans lequel vivra l’enfant : grandir sans père est une situation créée par l’aide médicale à la procréation dans les couples de femmes et pour les femmes seules. Actuellement, 75% des enfants vivent sous le même toit que leurs pères et mères.

    L’amour ne fait pas tout !

    Il nous faut prendre en compte aussi :

    - La souffrance des enfants qui ne connaissent pas l’identité de leur père et seraient privés de sa présence la loi.

    - Le marché financier induit qui fait, de fait, la promotion de la PMA, et en dissimule les risques.

    - Le manque de gamètes masculins qui va générer une difficulté de choix entre les couples hétérosexuels ou homosexuels et peut conduire à en acheter à l'étranger (nous sommes en France encore, dans une logique du don gratuit et anonyme des organes)

    - Le risque d’une “infertilité organisée“ car la PMA peut tenter des couples déjà fertiles afin de “bénéficier“ d'un tri embryonnaire dans le cadre d'un DPI. Cela peut conduire un jour ou l’autre au désir d'un enfant parfait et donc à l'eugénisme (voir le bébé OGM youtube)

    - La création d’un stock énorme d’embryons congelés dont plus d’un tiers sans projet parental dont on ne reconnaît plus la dignité humaine et qui seront de plus en plus livrés à la recherche, puisque le projet de lois envisage de les utiliser davantage.

    - La réduction embryonnaire qui consiste à extraire un ou plusieurs embryons de l'utérus, mettant fin à leur développement dans le cas d’implantation de plusieurs embryons. (à syndrome du survivant)

    De plus la PMA pour toutes :

    - alimente la croyance en une fertilité sans limite avec la proposition de congélation des ovocytes. (cryoconservation des ovocytes offerte par certaines entreprises qui peut accentuer la pression sur leurs employées afin qu’elles privilégient, dans un premier temps, leur carrière professionnelle)

    - promeut la famille monoparentale avec toutes les difficultés reconnues dont les demandes d’aides faites à la société. Accueillir une situation douloureuse n’est pas l’organiser !

    - nie ou refuse de reconnaître le rôle complémentaire de l’homme et de la femme dans l’éducation de l’enfant. (Il en a besoin pour se construire)

    Notons aussi la souffrance accrue pour les couples pour lesquels l’AMP n’a pas eu de succès. Le Pr René Frydman, gynécologue et obstétricien à l’origine de la naissance d’Amandine, premier « bébé-éprouvette » français, a répondu aux questions de la Commission spéciale Bioéthique de l’Assemblée nationale. Plus que sur la PMA pour toutes, le professeur s’est prononcé sur la technique elle-même souhaitant encore étendre le cadre de la recherche sur l’embryon. De plus, sa grande question concernant l’AMP concerne d’abord le taux de succès de la technique « quelle que soit l’extension qui peut être proposée ». Aujourd’hui, il est inférieur à 30%.

     

    Dons de gamètes, secret des origines et nouvelle responsabilité des donneurs

    Outre le choix de réserver l’AMP à des situations d’infertilité pathologique, le législateur a posé deux principes fondamentaux concernant les dons de gamètes : la gratuité et l’anonymat du don

    La règle de l’anonymat demeure problématique car elle ne permet pas d’empêcher d’éventuelles consanguinités. Elle est de plus en plus mise à mal par les possibilités ouvertes par l’informatique qui permettent de retrouver l’identité du donneur. Pourtant, cette demande sociétale va dans le sens de la reconnaissance de la référence biologique. Le projet de loi bioéthique prévoit « que les enfants nés d'un don [de gamètes] après l'entrée en vigueur de la loi puissent accéder à leur majorité à des "données non identifiantes" (âge, caractéristiques physiques, etc.) du donneur et à son identité », avec accord du donneur. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré qu’une « période de transition » serait nécessaire avant la mise en place de ce système.

    En définitive, le don de gamètes pose une question simple : est-il important, ou non, d’être issu biologiquement de quelqu’un ? La loi exprime un malaise lorsqu’elle interdit le double don de gamètes : si le lien biologique est important, comment en priver l’enfant, ne serait-ce que dans une branche, dans le cas du double don de gamètes ?

     

    La rareté des gamètes constitue un problème en soi. Plusieurs aspects expliquent que l’offre altruiste reste limitée alors que les demandes ont tendance à croître :

    • Un don de gamètes ne répond pas à un besoin vital au sens strict– ce qui peut laisser les donneurs potentiels indifférents ;
    • Les gamètes restent plus compliqués à prélever que le sang ; pour certains, les gamètes, porteurs du patrimoine génétique, ne sont pas l’équivalent d’autres éléments du corps humain.
    • Du fait de l’insuffisance de l’offre, le risque existe – en cas d’élargissement des indications de l’AMP - de prolonger, pour tous, les délais d’attente, et donc d’augmenter l’âge auquel les femmes pourraient accéder à cette technique en diminuant, de fait, les chances de succès de cette procédure.
    • La rareté des gamètes, avec l’ouverture de la PMA aurait pour conséquence (par l’achat de gamètes à l’étranger) de mettre fin à la gratuité du don, pour tous, y compris pour les couples infertiles, ce qui les pénaliserait d’une façon injuste (non accès aux soins).

    Faudrait-il envisager qu’une priorité soit donnée aux couples composés d’un homme et d’une femme dont l’infécondité serait de nature pathologique ? D’un point de vue juridique, cette solution serait incorrecte en cas de non différenciation entre des situations d’infécondités pathologiques et sociétales. D’un point de vue politique, cette priorisation serait aussi difficilement justifiable.

    Une fois le principe de la gratuité rompu sur les gamètes, on voit mal ce qui empêcherait de faire la même chose pour les autres produits et éléments du corps humain, y compris les organes, ce qui pourrait ouvrir la voie à une marchandisation du corps humain.

     

    Vous avez dit : chimères ?

    Il s’agit d’organismes vivants contenant des cellules de génotypes différents, obtenus artificiellement par mélange de cellules au stade embryonnaire. Il peut donc être question d’embryons chimères homme-animal, c’est à dire d’embryons humains dans lesquels sont injectées des cellules souches animales, ou l’inverse, d’embryons chimères animal-homme, c’est-à-dire d’embryons animaux dans lesquels sont insérées des cellules souches humaines. Si les premiers sont aujourd’hui quasi unanimement condamnés, les seconds font l’objet de recherches dans plusieurs pays.

    Plusieurs objectifs sont poursuivis par les chercheurs, le plus médiatisé étant la création d’organes humains à greffer « pour pallier la pénurie de donneurs ». Ces organes auraient l’avantage d’être « neufs » et de même patrimoine génétique que le receveur évitant ainsi le recours aux traitements immunosuppresseurs. Il existe encore d’autres objectifs : créer des neurones humains pour étudier les maladies neurodégénératives, étudier les fonctions des gènes dans les organes humains et leurs interactions avec les facteurs environnementaux et cribler des molécules thérapeutiques.

    Questions : Les cellules humaines pourraient-elles modifier les caractéristiques de l’espèce receveuse ? Faut-il craindre le développement d’une conscience humaine chez les animaux chimériques ? Pour l’instant, il est impossible d’anticiper les risques potentiels.

     

     

    Aide à l’infertilité :

    Le rapport d’information parlementaire sur la révision des lois de bioéthique a fait une proposition : « Mettre en place un plan global contre l’infertilité » Malheureusement, le projet de loi n’apporte aucun soutien aux recherches contre la stérilité.

    • Il nous faut proposer des alternatives comme l’adoption et informer sur les possibilités de traitements pour les couples hypofertiles ou infertiles afin d'éviter la mainmise de certains gynécologues : ce sont les naprotechnologies (aide naturelle pour favoriser ou restaurer la conception) 
    • En banalisant la PMA, le problème majeur de l’infertilité médicale accrue (hommes et femmes) est masqué et empêche une véritable réflexion sur ses causes.
    • En donnant du temps aux couples qui apprennent leur infertilité avant de commencer le parcours difficile et parfois décevant de l’AMP.
    • D’une façon plus générale, en proposant aux jeunes, une éducation à la sexualité, à l’accueil de l’enfant et à la connaissance ainsi qu’au respect de l’horloge biologique de la femme.
    • En protégeant l’embryon humain, en limitant la fécondation aux embryons qui seront ré-implantés, en résistant à l’eugénisme et au transhumanisme, à l’esclavagisme des femmes dans la GPA, en soutenant les plus fragiles, les personnes âgées et les personnes handicapées, en soutenant la famille.

     

    Comment finance-t-on toutes ces propositions de lois ?

    La dernière version du projet de loi bioéthique annonce vouloir « dépasser les limites de la procréation ». Il prévoit, « au nom de la justice sociale », de faire financer, par la société, le recours à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes célibataires et en couple de femmes.

        L’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules est une technique de convenance qui aurait un coût très important pour la SS. (Le coût d’une tentative de FIV est estimé à 3 000 €, auxquels il faut ajouter 1 000 € de médicaments pour stimuler l’ovulation, et le coût annuel de la conservation (200 à 300 €/an). Il faut y ajouter les dépenses liées à la réalisation de l’AMP ultérieure, de l’ordre de 1 000 €/tentative (coûts de la décongélation des ovocytes, de l’injection intra cytoplasmique d’un spermatozoïde [ICSI], du transfert in utero du ou des embryons lors d’un cycle naturel ou avec traitement hormonal de la mère ; chiffre noté dans l’avis du CCNE n° 126)

    Une autoconservation (ou cryoconservation) ovocytaire a un coût médical, technique et médicamenteux non négligeable du fait de la stimulation de l'ovulation, de la procédure de recueil des ovocytes et de leur conservation à très basse température pendant plusieurs années.

    Comment ne pas craindre que, pour équilibrer les dépenses de l’assurance sociale, des choix de déremboursement (soins ou médicaments) soient faits pour certaines catégories de personnes ?

    Concluons avec la déclaration de Mgr de Kerimel du 24 septembre 2019 : « C’est pourquoi j’encourage les chrétiens à agir et promouvoir une vision de l’être humain respectueuse de chacun et de l’avenir de l’humanité. »

    Dominique

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